Allez, le voilà mon compte rendu… Je m'en serais voulu de vous faire saliver trop longtemps, surtout que je vais m'absenter prochainement…
« Fersen, Mille Sabords, on adore ! »
Lundi 9 mars, c’est aux commandes d’un Transbordeur rempli jusqu’au pont que Thomas Fersen et son escouade de musiciens ont embarqué le public pour un beau et long voyage. Au gré de 26 plages musicales, retour sur le fol itinéraire de ces enfants gâtés… À l’abordage !“Vieux” loups de mer, capitaines au long cours et même quelques très jeunes moussaillons ont rempli les soutes du Transbordeur ce lundi 9 mars de l’an de grâce 2009 pour suivre notre chanteur a(d)mira(b)l(e) dans son expédition ; le signe évident qu’il n’y a pas d’âge pour aimer Thomas Fersen. Vous en doutiez ? Pas nous.
Répertoire abyssal
« Que le grand Cric me “Croque” », “la Malle” retentit déjà : pas question de rester à quai, c’est l’heure de larguer les amarres, même avec une demi-heure de retard… Et d’aller faire “trois p’tits tours” du côté d’un répertoire aujourd’hui abyssal où les perles côtoient les sirènes (superbe texte “Alexandra”) quand elles n’évoquent pas la Jamaïque (“Chocolat”), New-York (“Germaine”) ou notre chère Bretagne (“Saint-Jean du Doigt”, “Je n’ai pas la gale”). Avis aux flibustiers globe-trotters…
Notre poète à la barbe poivre et sel a le vent en poupe. Normal, il est gonflé à bloc et ça se voit : sourire franc et permanent, regards complices teintés de malice, plaisir intact de partager cette croisière en si bonne et galante compagnie. Que serait en effet une telle virée sans la gent féminine, ou animalière : “Zaza”, “Diane de Poitiers”, “les mouches”, puis “la chauve souris” sortent à tour de rôle des cales pour notre plus grand plaisir.
Salves d’applaudissements méritésTelles les vigies attentives face à une carrière méritante, les spectateurs connaissent la partition : nombreux sont ceux qui reprennent en chœur les paroles des chansons. Si le ton ou les cordes vocales laissent parfois à désirer, le cœur, lui, répond bien présent et c’est l’essentiel. Ici, on ne joue pas aux échecs, c’est “plaisir et mat” !
Virevoltant sur la scène, Thomas est devenu notre boussole et nous vibrons (presque, on en reparlera plus tard, ndlr) à l’unisson. Juste récompense à tant d’efforts : des salves d’applaudissements s’abattent sur la scène comme le ressac des vagues à chaque fin de chanson, et font claquer les haubans. À force de souquer ferme pour mettre l’ambiance, mes mains ressemblent à deux steacks Charal bien rouges tandis que la voix n’est pas loin de défaillir. Mais détrompez-vous, c’était tout sauf une galère !
Nouveaux horizons
« Hissez la grande voile ! ». Ou plutôt quittez-la… Vêtu d’une splendide robe blanche et de son inamovible couvre-chef à plumes de poule, Thomas s’échappe en effet durant l’excellente chanson de Fred Fortin, “Que je t’étranglerai”, pour réapparaître avec son costume trois pièces aux couleurs et motifs… uniques. Ah ça, les goûts et les couleurs…
Enchaîné sur sa basse, Fred Fortin ne ménage pas ses efforts, à l’image du reste de la joyeuse bande : Pierre Sangra et ses doigts de fée, Christophe Cravero, toujours fidèle au poste, sans oublier le batteur dont le vent a emporté son nom, mais qui s’avéra inspiré, même avec une grosse caisse entre les pattes ! Hip hip hourrah pour nos musiciens déchaînés !
La présence de Fortin évoque aussitôt de nouveaux horizons outre-atlantiques que rappelle un « Vive le Québec libre ! » jeté entre deux couplets, et qui a failli lui couper la chique. Une “binouze” à la main, il en rigolera encore au bar, peu après.
Voyages… à plus d’un titre
Le temps passe, et Thomas tient toujours bien son gouvernail. Comparé à son carnet de bord des Folies Bergères, il se permet cependant quelques libertés en jetant par-dessus bord notamment ses caisses de “Formol”. Au fond de la soute, on entendra plus tard quelques “galériens” regretter l’absence de certaines étapes de “3 p’tits tours”… Qu’importe l’itinéraire finalement, du moment que l’on accède aux trésors de notre baroudeur préféré. Mais qu’il doit être difficile désormais d’établir une “set list” à partir de sept albums ! Tendre, rock, animalière ou humoristique : quelle carte au trésor faut-il suivre ? Mystère…
Après les voyages dans l’espace, Fersen nous convie ensuite à un périple dans le temps en rappelant à nos bons souvenirs le killer des nénuphars (alias “Monsieur”) ou encore “Dugenou” et sa multitude de surnoms affectueux… Ce clin d’œil aux expéditions de jadis donne ainsi le prétexte à un nouvel échange avec le public dont Thomas a le secret : «
Vous connaissez la suite ? », demande-t-il après avoir égrenné son p’tit Lu, son loukoum, son Jésus, sa fève. - Non !, hurle l’auditoire avec conviction. (Il répète) «
Vous connaissez la suite ? » - Non !
(Soupir…) «
Vous ne connaissez pas la suite, mais vous connaissez le piège, alors… ». (Rires)
Et oui, Thomas, ton public ne se compose pas de marins d’eau douce ! Et la reprise a capella du 1er couplet de “Diane de Poitiers” en a encore fourni la preuve… Moment délicieux où l’artiste laisse la parole à sa cour des miracles. On se serait cru le 9 décembre 2005, au même endroit, pour la tournée du Pavillon des Fous. Avec un plaisir renouvelé, voire décuplé. Une série de frissons parcourt mon échine… et “Iguanodon” sort de sa grotte.
« Terre ? ah Terre… »
Mais à force de sillonner le globe et l’univers fersénien, le rivage de la Terre commence à être vu. À force de souffler dans nos voiles, Éole nous ramène bientôt à “bon” port. “Punaise” ! La troupe se fait la malle et nous laisse dans le noir. Mazette, va falloir ramer pour les rappeler à l’ordre…
“Elisabeth” et “Le Chat botté” sont demandés à corps et à cris. Peine perdue, ce sera “Pièce montée des grands jours”, “Pégase” et même “Concombre”, histoire de ne pas choper le scorbut avant d’accoster.
« Thomas Fersen et son équipage vous remercient pour la belle soirée et vous souhaitent un agréable retour sur le plancher des vaches ». “Ma rêveuse” devient incontournable : on ne se pince pas, mais cette fois, on s’apprête bel et bien à boire le bouillon. Plongé dans le noir, mais sans “Cosmos” -hélas !-, les rescapés du Transbordeur s’accrochent à leur ultime bouée : “les malheurs du lion”. Avant de (toucher)couler corps et âme : le concert est terminé, rideau. Cachée dans l’oreillette des videurs du Transbo, la corne de brume sonne le glas de nos espoirs. Fermez le ban ! « Par ici la sortie Messieurs-Dames, s’il vous plaît… ». C’est l’heure d’aller noyer sa tristesse dans le houblon.
Le temps d’une belle soirée, “Vieux” loups de mer, capitaines au long cours et même quelques très jeunes moussaillons ont mis une sacrée dose de sel dans leur vie.
Émue par les rivages qu’elle a approchés, touchée par la gentillesse et surtout la générosité de l’équipage, l’armada d’afficionados a d’ores et déjà pris rendez-vous pour monter à bord du navire lors de sa prochaine escale. “Tôt ou Tard”…
Iguanodon
À suivre…